Des échos de sang et de crocs

Un résumé lourd de sens : « Vivre dans un gouffre, je connais bien ça. […] Et puis, l’obscurité est une vieille amie. Il m’y a souvent plongé. Je suis trop tendre, je suis sa honte. » et « Les enfants subissant la violence deviennent-ils fatalement des monstres ? ».

L’auteure plante le décor : une enfance brutale et violente pour Mikhaïl. Un garçon doux qui n’est pas et ne sera jamais à la hauteur aux yeux du Kapitan, son géniteur. Mikhaïl fait la rencontre de son opposé, Anastase, un garçon fort qui fait des prouesses dans le clan des Chasseurs. Mikhaïl et Anastase se complètent, et c’est cette réunion qui permet à l’héritier du clan de se relever à chaque coup.

Pourtant, au fil des chapitres, on se rend compte que Anastase et Mikhail ne se complètent pas seulement, ils se ressemblent. Ensemble, ils fuient la Russie et les horreurs faites par le clan (anéantissement des Loups). Afin d’espérer vivre et respirer un air nouveau. Mais le passé les rattrape vite, voire il ne les quitte pas. Difficile de repartir à zéro lorsque l’on a connu que violence et monstruosités.

Un roman rempli d’indices semés par l’auteure qui nous mettent sur la piste du dénouement…auquel on ne s’attend pas ! Une très belle surprise. Le roman est très bien construit, pour moi l’auteure est un génie. Il en vaut clairement le détour.

La construction du roman est atypique : changement entre les souvenirs, les rêves, le présent, pas de bagarres entre Loups et Chasseurs. Et c’est ce que j’ai apprécié. Alors voici deux conseils : premièrement, il ne faut pas y aller avec des idées préconçues (ce n’est pas du Twilight quoi). Deuxièmement, la temporalité est un élément clé de l’histoire (mais également la plume de l’auteure je pense pour avoir lu son premier roman Cendresa tome 1).

Alors, si vous aimez les histoires sombres romancées, avec un axe psychologique, et que vous aimez vous attacher aux personnages, foncez. Si la violence est un redflag, alors vaut mieux passer votre chemin.

Des échos de sang et de crocs est un roman particulier. Le genre de roman « tout ou rien ».
Le résumé ne prépare pas à ce qui se trouve à l’intérieur. L’autrice joue avec le genre. Ce n’est pas de l’urban fantasy classique, et l’aspect psychologique est très présent. Que ce soit dans la construction narrative, dans l’emboîtement des moments, dans les souvenirs de Chasseur de Mikhaïl, tout est atypique.
On y accroche ou pas, mais j’aime le changement et le fait qu’on ne reste pas dans les mêmes constructions normées. De ce fait, même si le livre est épais et qu’on avance pas à pas, dans le noir, sans vraiment tout saisir, progressivement, au fil des informations données au compte-goutte, des choses s’enclenchent et font sens.
Personnellement, j’ai beaucoup aimé les différentes touches d’originalité que comporte ce roman. On est du point de vue de Mikhaïl, un Chasseur, et à travers lui, on a un portrait de la barbarie des hommes envers les loups, de l’endoctrinement et d’autres sujets forts.
L’histoire est sombre, il y a du suspense, et si on aime pas les personnages sombres, l’attachement avec Mikhaïl se fera difficilement. Par contre, si les personnages abîmés et moralement gris, ce sera un pur plaisir. Pour ma part, il m’a touché. Anastase aussi, mais Mikhaïl, par ses traumatismes, ce qu’il traverse, et ce combat constant qu’il a en lui-même n’est pas anodin.
L’histoire peut mettre mal à l’aise, mais je l’ai adoré. Surtout la fin.

Oubliez tout ce que vous croyez savoir sur les Loups et ceux qui les chassent. Dans cette histoire, nous découvrons l’héritier d’un empire, un héritier qui ne satisfait pas les attentes paternelles. Pour Nikolas, rien ne va chez Mikhaïl, qui subit au quotidien moqueries et réprimandes au sein de son clan de Chasseurs. L'arrivée d'Anastase est un vrai soulagement pour lui et change toute la donne. Si les violences sont toujours les mêmes, Anastase n’est pas prêt de laisser quiconque abuser de sa position envers Mikhaïl.

L’univers de ce roman est sombre et violent. Il y a un temps pour s’amuser, se découvrir de nouveaux amis et un temps où le passé à une emprise sur l’avenir et où la méfiance est de mise. La vie de Mikhaïl est loin d’être de tout repos. Si au premier abord, on pense à un jeune homme fragile, qui doute beaucoup, on le découvre bien plus complexe que cela. Quand on a été une grande partie de sa vie destiné à devenir le nouveau Kapitan d’un clan sans pitié, peut-on s’affranchir du poids de ce que nous sommes censés être ?

Des échos de sang et de crocs est avant tout un roman psychologique dans lequel Mikhaïl apprend durement à être adulte et à apprivoiser ses failles. Étudiant, il évolue au milieu d’autres jeunes avec lesquels il élargit ses horizons pour le meilleur et pour le pire. Il vit des moments précieux avec Anastase et leurs nouveaux amis, entrecoupés de souvenirs terrifiants et déstabilisants.

L’histoire nous offre une belle accélération sur le dernier tiers (autant dans l’action que dans l’évolution de Mikhaïl et des mystères qui l’entourent) avec une fin surprenante qui ne manquera pas d’étonner le lecteur. Je suis encore sous le choc de la conclusion que je n’ai pas vu venir mais qui tient la route avec tous les indices semés au fil des chapitres. Impossible de saisir toute la teneur de ce roman avant d’en arriver au bout.

C’est dense, bien construit, avec une multitude de personnages. On oscille entre passé et présent mais il y règne toujours un fond de violence qui n’est pas pour tout le monde.

Foncez si vous aimez les univers sombres, les rebondissements inattendus, les romances « pas gagnées d’avance », surtout si vous appréciez vous aventurer aux côtés d’un esprit torturé.