Interview Maggie Stiefvater

Interview Maggie Stiefvater

1 / Pouvez-vous décrire en quelques mots votre parcours/votre vie ? Comment vous est venue l’envie d’écrire ? 

Lorsque j’étais très jeune, je me suis juré que j’aurais une vie intéressante. Peu importe que tout se passe pour le mieux, je voulais seulement que ce ne soit pas barbant. Je ne voulais pas regarder en arrière un beau jour et me dire « j’aurais voulu faire plus ». 

Quant au reste, je ne me souviens pas d’un temps où je ne racontais pas d’histoires. J’ai su que je voulais être romancière avant même d’être assez grande pour aller sur les meilleures attractions des parcs à thème. J’ai toujours écrit. Enfin, pas toujours. J’avais des passe-temps étranges quand j’étais gamine. La cornemuse. L’hybridation des rosiers. Les concours canins. L’antipathie. Quand je n’étais pas occupée par l’un ou l’autre, j’écrivais et je lisais. Lorsque je suis entrée à la fac, j’avais déjà des douzaines d’horribles romans à mon actif, et non, vous ne pourrez pas les lire. 

 

 

2 / Si vous deviez conseiller Le Cycle des corbeaux à nos lecteurs, que diriez-vous ? Comment l'idée de cette série a-t-elle germé ? 

Un groupe d’ados aux mécanismes de défense à revoir sont en quête du concept même de foyer et d’appartenance tout en recherchant la tombe d’un roi magique mort dans l’actuelle Virginie. Oui, ça a l’air complètement dingue. Pas la peine de me le dire. C’est rien. Tous les romans fantastiques que j’ai lus dans mon enfance se déroulaient dans des pays lointains ; si vous vouliez trouver de la magie, il fallait prendre l’avion jusqu’en Europe. Où était la magie américaine ? Tout ça me semblait trop folklorique, plein de positivité, des histoires qui tendaient plus vers la plaisanterie ou un récit à moralité qu’au sentiment d’Autre que je désirais. 

J’ai donc greffé cette magie vraiment malaisante à mes montagnes Bleues. Elles sont déjà très fantastiques en tant que telles, et n’ont pas eu besoin de beaucoup d’aide de ma part. 

 

3 / Est-ce que l'histoire a connu des bouleversements imprévus au cours de son écriture ? Qu'est-ce qui vous a inspirée au moment d'imaginer vos héro(ïne)s ? 

J’ai commencé à écrire la première version du Cycle des corbeaux alors que j’avais 19 ans, mais je l’ai mis de côté car je n’étais pas encore assez douée pour jongler avec toutes les intrigues et tous les personnages. Il me fallait en apprendre davantage sur l’art de l’écriture. J’ai pris mes distances et écrit la série des Loups de Mercy Falls, qui m’a montré comment simplifier les mythes et légendes autant que besoin, puis Sous le signe du scorpion, qui m’a montré comment raconter les histoires de nombreuses personnes en un seul récit, et après ça j’ai pu revenir au Cycle. 

De nombreuses années s’étaient évidemment écoulées entre-temps, une décennie, même, et mes priorités étaient bien différentes de ce qu’elles étaient quand j’avais 19 ans. J’étais moins amère et plus raisonnée, et la tonalité de l’histoire a été adaptée en fonction. 

 

4 / Quels sont les romans qui ont eu le plus d'influence sur votre vie ? Sur votre écriture ? 

Je suis une omnivore littéraire. Je lis tout un tas de genres et de sujets, de la fiction aux ouvrages généraux. Je puise mon inspiration autant dans les très bons livres que dans les très mauvais ; les seuls livres que je trouve décourageants sont ceux qui sont juste banals. Ceux-là me terrifient. Je détesterais écrire un livre qui soit juste banal. 

  

5 / Y a-t-il un thème qui vous tient le plus à cœur ? 

Les chefs de groupe réticents me feront toujours chavirer. 

  

6 / Si vous pouviez passer une journée avec un personnage de livre, qui choisiriez-vous ? 

Ma réponse à cette question changera à chaque fois qu’on me la posera, mais pour aujourd’hui, je dirais sans doute Sophie du Château de Hurle, car elle semble du genre à offrir une vision pragmatique dans un monde magique. Ou… un seul jour ? Pas plus ? Vous me promettez que je ne resterais pas coincée là-bas ? Alors peut-être Piranesi du roman éponyme de Susanna Clarke. Mais seulement si ça ne dure qu’une journée. C’est ça, la magie, pas vrai ? On en a besoin, mais s’il y en a trop, ça devient mauvais pour la santé. 

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