C : Bonjour, bonjour, cher public imaginaire !
M : Oh, on fait le coup du faux dialogue ?
C : Bookmark m’a dit que je pouvais donner la forme que je voulais à cet article. Je ne savais pas comment faire d’introduction. L’introduction est faite.
M : Cool. On enchaîne ? On est là pour parler de contes, et plus précisément de réécritures de contes. Comment se déroule un tel processus de création ?
C : Bonne question, je me remercie de l’avoir posée. Avant de rentrer dans les détails, j’aimerais préciser deux choses… D’abord, je réécris des contes par amour des contes. Il ne s’agit pas de les parodier, de les moquer ou de les déconstruire totalement, mais bien de s’inscrire dans leur lignée.
M : Tu rajoutes ta petite pierre à l’édifice, quoi. Ça se tient. Et le deuxième point ?
C : Mon processus d’écriture est très instinctif. Je réfléchis à mes histoires et je les analyse, mais je fais partie de ces auteurices qui se laissent énormément porter par les personnages. Pour résumer, les éléments que je vais évoquer incessamment sous peu sont plus des réflexions après coup que des ingrédients réunis consciemment.
M : Évidemment, tout le monde sait que s’il fallait choisir des ingrédients pour des histoires, tu mettrais toujours des dragons.
C : Ça va de soi.
M : C’est bien d’avoir des valeurs sûres. Mais revenons à nos drag-moutons. Qu’est-ce qui te semble important dans une réécriture de conte ?
C : La première chose, je pense, est d’identifier les éléments qui font l’identité d’un conte : pas de Belle au bois dormant sans rouet maudit, muraille d’épines et royaume endormi. Ces « éléments » sont autant des objets que des événements. Qui reconnaîtrait La Petite Sirène s’il n’y avait pas une sirène qui voulait aller à la surface, troquait ses jambes contre sa voix et tombait amoureuse d’un humain ?
M : Jusqu’ici, on dirait que tu racontes des trucs sensés. Continue.
C : Je donne le change ? Nice ! Hum… La deuxième chose, je pense, est la thématique. Chaque bonne histoire en a une (souvent plusieurs), et c’est encore plus accentué dans un conte, très imagé et métaphorique. Ce sera mon « angle d’attaque » pour construire l’intrigue. Pour Le Prince au bois dormant, j’ai surtout questionné la notion de beauté, puisque j’ai toujours été dérangée par cette idée qu’on pouvait tomber amoureux d’une personne pour sa seule apparence. Dans Le Prince-Cygne, il est question d’identité, de quête de soi (rapport aux malédictions, métamorphoses, personnages qui ne se reconnaissent pas entre eux, toussa toussa). Pour La Sirène aux écailles d’or, l’intrigue tourne surtout autour d’une quête de liberté, une remise en question des conventions et une ode à la diversité. Les personnages se créent autour de ces problématiques, car ce sont eux, et leurs parcours, qui vont les exprimer.
M : Tu parles trop.
C : Je sais.
M : C’est déjà ça. Et ensuite ? Un troisième point ?
C : Yep ! Très important pour moi, quoique vraiment plus difficile à expliquer : l’esthétique du conte. Même avant d’être écrite, l’histoire laisse une impression dans ma tête, une atmosphère. Le Prince-Cygne est très onirique – une forêt enneigée, un lac baigné par la lune, un jeune homme dansant sur l’eau… Le Prince au bois dormant est sombre et mélancolique – une forêt d’épines tranchantes, un royaume entier comme mort, cent ans à espérer un réveil qui ne vient pas… Et La Sirène aux écailles d’or est plus « énergique » : je l’imagine sous le soleil éclatant des Caraïbes, il est question de naufrage, de pirates, de trésor, d’une cité engloutie, bref, d’une aventure ! Tout cela donne le « ton » de mon écriture.
M : Abrège, abrège, on arrive à la fin de la page !
C : Aaaaaah ! J’espère que j’étais claire, merci, merci, au revoir, mangez du chocolat, lisez des histoires, chevauchez des dragons, portez-vous bien !
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