Dessous des éditions #1 - Des torses et des couvertures

Dessous des éditions #1 - Des torses et des couvertures

Premier article dédié aux dessous de l’édition, nous avons décidé d’aborder avec vous l’épineux sujet des couvertures ! Et, plus spécifiquement, des torses dans la romance. Pourquoi y a-t-il autant de tétons sur les couvertures ? Est-ce que les éditeurs ont trouvé la recette miracle pour devenir millionnaire ? Pourquoi y a-t-il une si grande différence entre les retours des lecteur.ice.s sur les réseaux sociaux et les ventes ? 

Nous allons tenter de répondre à toutes ces questions, et bien plus encore. Mais attention, il s’agit là de l’expérience des éditions Bookmark, par rapport à son catalogue, à ses ventes, à son lectorat. Ce qui sera dit ici n’est pas forcément une vérité absolue. 

Et si nous commencions par une petite analyse du catalogue Bookmark ? 

2020 : 

Nombre de sorties : 219 titres 

Nombre de couvertures « torse » : 14 titres, soit 6 % des sorties 2020 

  • La meute Weston 3, de Dannika Dark 
  • Les Animari 1 et 2, de Ann Aguire 
  • L’homme idéal 3 et 4, de Kristen Ashley 
  • Dirty Nasty Freak 1, de Callie Hart 
  • Dangerous Men 2, de Debra Anastasia 
  • Mis à l’essai 4, de Penny Reid et LH Cosway 
  • Échec et Mat 1, de Kennedy Fox 
  • Love Online, de Penelope Ward 
  • Un cadeau pour Noël, de Eli Easton 
  • HERO 5, de Victoria Sue 
  • Faux petit ami 1, de Eden Finley 
  • Bestiaire amoureux 5, de R. Cooper 
  • Rainbow Place 2, de Jay Northcote 

2021 : 

Nombre de sorties : 218 titres 

Nombre de couvertures « torse » : 20, soit 9 % des sorties 2021 

  • Échec et Mat 2, de Kennedy Fox 
  • Dirty Nasty Freak 2, de Callie Hart 
  • Ne jamais sortir avec un sportif, de Natasha Washington 
  • Book Boyfriend 3, de Clair Kingsley 
  • Lutter pour survivre, de Lindsay Cross 
  • Savage Motor Club, de Jordan Marie 
  • Combattre le silence 2, de Aly Martinez 
  • Bad Love 1, de Charleigh Rose 
  • Rainbow Place 3, de Jay Northcote 
  • Campus et Séduction 1, de Maris Black 
  • Bestiaire amoureux 6, de R. Cooper 
  • Ballsy Boys 1 et 2, de Nora Phoenix et KM Neuhold 
  • Faux petit ami 2 et 3, de Eden Finley 
  • Les Gardiens de Camelot 1, de Victoria Sue 
  • Les frères Steele 1 et 2, de Eden Finley 
  • Tomber amoureux de son colocataire, de Garrett Leigh 
  • HERO 3.5, de Victoria Sue 

Comment choisit-on une couverture ? 

Commençons par le commencement. Avant de lancer la couverture d’un titre, nous lançons d’abord une analyse de marché. Parce que si le dicton nous apprend qu’on ne juge pas un livre à sa couverture, la réalité nous prouve tout le contraire. C’est la couverture que l’on voit en premier. C’est ça qui va donner envie de lire le résumé, voire parfois d’acheter le livre directement (on ne vise personne). Alors au moment de la création, nous prenons en compte beaucoup de paramètres différents : le genre, le niveau d’érotisme, les couvertures étrangères, la concurrence et les ventes des titres similaires dans le catalogue.  

 

Les Gardiens de Camelot, par Victoria Sue 

(Version anglaise, version italienne, version française) 

 

Love Online, de Penelope Ward 

(Version anglaise, version polonaise, version française) 

 

Dans la plupart des cas, il s’agit d’abord d’être en adéquation avec le contenu. Quand vous voyez ce genre de couverture, vous vous attendez à de la romance avec des scènes olé olé. Et c’est le cas : 90 % de ces titres contiennent un haut niveau d’érotisme. Cela permet d’être visible auprès du lectorat, d’être facilement identifiable et de ne pas mentir sur la marchandise. 

Nous faisons aussi attention à conserver l’esprit de la couverture d’origine (Le Douzième Chevalier), quand on ne garde pas directement la couverture d’origine (Faux petit ami) ou le modèle (Love Online). Parfois, il s’agit de coller au plus près du contenu comme avec Ballsy Boys dont l’histoire se passe dans le milieu du porno. Last but not least, nous faisons au mieux pour impliquer nos auteurs et respecter leurs préférences. Un torse en couverture n’est donc pas systématique comme peuvent en témoigner nos titres très chauds tels que Calices. 

Tous ces paramètres sont des facteurs importants qui vont décider du sort de notre future sortie.  

Des torses pour de la romance, ce n’est pas un peu réducteur ? 

Oui. On aurait pu s’arrêter là, mais la réalité n’est jamais aussi binaire. Oui, c’est peut-être réducteur, mais ça plaît. Ce qui prouve qu’il y a un public en demande. Et même si nous comprenons que certain.e.s lecteur.ice.s soient agacés par ce genre de raccourci, pour d’autres, c’est le contraire. Et chez Bookmark, nous publions de la romance, un genre que beaucoup considèrent encore comme de la sous-littérature. Alors, romance ou torse, pour nous il n’y a aucune honte à aimer ça. En tant que lectrices, il nous arrive aussi de craquer. La preuve puisque nous avons signé les titres que nous avons aimés en VO souvent grâce à la couverture. Et c’est très bien comme ça. Il n’y a pas toujours besoin de se prendre la tête. 

 

Mais quand même, c’est beaucoup… 

Même si on a parfois l’impression du contraire, les torses représentent moins de 10 % des couvertures que nous publions. En soi, ça laisse 90 % de contenu pour ceux qui n’aimeraient vraiment, vraiment pas ça. Ce n’est pas si mal, non ? Après, si vous n’aimez pas la romance, on ne peut plus rien pour vous ! Mais on priera pour le salut de votre âme :D   

Pour aller plus loin dans notre analyse, et même si nous essayons de varier au mieux nos couvertures, il n’en reste pas moins que pour vendre, il vaut mieux rester sur des acquis. Ainsi, le combo loup/lune pour la romance paranormale, le torse ou le couple sexy pour la romance contemporaine ou un homme pour la romance MM sont autant d’éléments qui ont fait leurs preuves. Nos prises de risques se sont bien souvent soldées par des échecs commerciaux. Par respect pour les auteurs, nous ne pourrons dévoiler aucun titre, mais certaines sorties avec des couvertures différentes se sont vendues 3 à 10 fois moins que les autres.  

Une réalité qu’il est important de prendre en compte. Quand on publie un livre que l’auteur.ice a mis des mois à écrire, on espère toujours toucher plus que quelques dizaines de lecteur.ice.s. Alors même si la couverture ne révolutionne pas le genre, si cela permet aux titres de toucher un maximum de personnes, c’est déjà une victoire en soi. 

C’est dommage… ça pourrait être tellement plus que ça ! 

Oui et non. Au-delà de l’aspect financier, nous militons depuis des années pour prouver que la romance LGBT+ a toute sa place dans la littérature. C’est la même chose pour la romance MF, l’urban fantasy ou le fantastique. Parfois nous avons envie d’un bon roman feel-good, parfois d’une héroïne badass pour botter le cul de créatures fantastiques et parfois, nous avons besoin de beaucoup d’amour. L’un n’est pas supérieur à l’autre. Et il faut tout le talent d’un.e auteur.ice pour arriver à vous faire rire, pleurer, rêver…  

C’est pareil pour les couvertures. Il ne suffit pas de coller un téton sur une couverture. Au contraire, c’est peut-être encore plus difficile de se démarquer. Il faut trouver le juste équilibre qui représentera au mieux le titre : le bon modèle, la composition, la police, le marché… Et quand bien même ce serait facile, ça ne ferait pas du livre un « mauvais livre ». Que la couverture vous plaise ou non (chacun ses goûts, sa sensibilité) ne veut pas dire qu’elle est bonne ou mauvaise. Peut-être que des lecteur.ice.s passeront à côté d’un Faux petit ami, tout comme d’autres sont passés à côté d’Un semestre à l’étranger ou de La Voie du cerf, mais vous savez quoi ? Le marché est assez vaste pour faire plaisir à tout le monde.  

Le mot de la fin ? 

Finalement il n’y a pas de bonne réponse, pas plus que de recette miracle. Nous essayons au mieux de varier les titres (fantasy, romance, historique, jeunesse…) autant que les couvertures (torse, couple, illustration, photomontage…). Nous n’avons pas envie de nous enfermer dans un style bien spécifique, pour autant, nous n’oublions pas non plus la réalité du marché. Concilier l’aspect financier, les attentes du public, nos convictions personnelles ou encore les goûts de l’auteur.ice… ce n’est pas tous les jours facile 😉  

 


11 commentaires


  • Sonny

    Merci pour cet article ! J’adore découvrir les dessous de l’édition et c’est vrai que les torses en couvertures font souvent débat. Perso, même si je n’en suis pas vraiment fan, ça ne m’empêchera pas de lire un roman si le résumé me donne envie. Il n’y a pas que la couverture qui compte au final.


  • G. Lu

    Les couvertures c’est comme les commentaires, il faut parfois ( souvent) pas s’y fier et se faire son propre avis.


  • Jaason

    C’est super intéressant comme article! Ça fait plaisir de pouvoir comprendre comment se font les choix des couvertures 😊😊😊


  • Line

    Article très interessant. En effet on ne peut pas plaire à tout le monde et je confirme, dans vos collections il y en a pour tous les goûts, ce qui est génial. Pour ma part je n’aime pas beaucoup les couvertures torse et tétons, mais je trouve mon bonheur avec les couverture fantastique que je trouve sublimes. Et puis même si la couverture a en effet son importance, il ne faut pas hésiter à aller outre parfois. Des petites pépites peuvent se cacher derrière une couverture qui nous attire un peu moins que les autres :)


  • Charlotte P.

    Un article super intéressant, j’ai hâte d’en découvrir un peu plus sur le processus de création des couvertures… Par exemple comment décidez-vous quels éléments vous gardez de la couverture originale ou pas (exemple noeuds papillons sur THIRDS 10, Dossier fantômes, Kate Daniels…)… Si l’achat des droits du manuscrit inclut toujours la couverture… Tout ce processus choix/décisions relève d’une fonction particulière dans le monde de l’édition ? Pleins de questions comme ça et archi curieuse 😉


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